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La nouvelle Scène de Sénart s’inscrit en parfait timing dans les stratégies proposées récemment pour le Grand Paris : l’idée est le partage des projets et des ressources culturelles dans le cadre d’un nouveau concept de « fédération urbaine » à l’échelle métropolitaine.
Le nouveau théâtre cherche son identité, son statut d’exception en accord avec les spécificités de la San Sénart, de la région, du théâtre : un endroit particulier appartenant à un territoire spécifique.
La végétation présente à proximité du projet emphatise également une ligne de transition entre le paysage naturel de la forêt et une végétation plus paysagée, aménagée à l’intérieur du Carré de Sénart. Dans l’agglomération parisienne, il n’est pas facile de commencer à exister, à marquer d’une nouvelle présence visible et singulière le cadre privilégié du Carré de Sénart.
Pour pouvoir marquer fortement cette présence à travers notre projet, nous avons choisi une stratégie de décalage emprunté directement au théâtre : celle du miroir, le reflet à travers lequel la réalité se regarde elle-même.
Nous voulions créer un outil simple, fonctionnel, qui n’est pas autoréférentiel mais qui à la manière d’un acteur de théatre ne prend vie que lorsque la lumière et son environnement interagissent avec lui.
Une grande façade-miroir en bardage métallique enveloppe le bâtiment sur ses quatre cotés en recomposant une image en plan pertinente et métaphysique du carré dans le Carré. Des thèmes poétiques et symboliques qui peuvent mieux répondre aux désirs et aux plaisirs d’un public et de visiteurs de tous âges.
Ce précieux ruban miroir devient un des objets singuliers du projet : ce grand écran est là pour capter et fixer les vibrations et les changements de la nature, ses éléments éternels et ceux qui sont dans la révélation du fugace : l’émotion des saisons, le passage du temps, les vibrations des feuilles et des arbres, le ciel, la pluie, les lumières nocturnes…
La fréquentation de cet espace transversal doit être provoquée par la programmation certes, mais aussi par l’expression singulière de l’espace public d’un lieu qui se réinvente en permanence. L’activité du restaurant, de la librairie, de l’espace d’exposition complète la programmation de la Scène avec l’ambition de créer en synergie avec la San Senart un vrai épicentre culturel et du savoir-vivre dans la région.
Des échos des artifices naturels dans la tradition du paysagisme français nous parviennent du côté de Vaux-le-Vicomte.
Ici la limite entre architecture et nature devient un nouveau lieu d’expression : la prolongation d’un bois sauvage et les tilleuls utilisés pour les aménagements paysagés du Carré se rejoignent en se prolongeant dans les reflets de sa façade.
Des zones perforées dans le métal poli-miroir de la façade créent une ambiguïté entre reflet et vue en transparence de la végétation et indiquent au public la direction vers le patio d’entrée de la Nouvelle Scène National.
L’espace du patio d’entrée peut devenir le prolongement naturel de la salle modulable par le biais d’une grande ouverture.
Une fois entré dans le foyer, l’écriture architecturale du bâtiment se fait plus discrète, pour laisser la vedette aux salles et à leurs spectacles. La définition des espaces intérieurs est confiée au silence et à l’élégance des murs blancs, du sol en pierre satinée. Une lumière zénithale nous emmène au premier étage, à travers un grand escalier monumental, dans le grand foyer dédié à la grande Salle (900/500 places) et aux expositions temporaires. Un bar et une terrasse surplombant le patio d’entrée offrent un espace prestigieux aux spectateurs pendant les entractes.
L’architecture des trois salles de la nouvelle Scène Nationale est conçue pour offrir trois identités très différentes et spécifiques, adaptées aux exigences du programme. L’organisation de la distribution à travers les foyers permet un fonctionnement en simultanée des trois salles. Les volumes des salles sont déterminés par l’optimisation élémentaire de la visibilité et de l’acoustique : la question principale été de créer pour la nouvelle Scène Nationale de Sénart des outils complets, très bien élaborés techniquement, nous permettant de faire tout ou presque.
Chaque salle est identifiée par une forme particulière et par une couleur : bleue pour la Salle de 900 places, rouge pour celle de 300 et blanc pour la Salle modulable. Une trame de leds intégrés aux murs et aux plafonds les habille d’une robe précieuse (mais pas prétentieuse) et donne une sensation d’unité et d’harmonie à chaque volume.
Dans le ciel, il y a un étrange signal. Un ballon gonflable en forme d’anneau, ancré au sol, rappelle à grande distance la présence de la Scène et sa programmation à l’affiche.
Cette présence soutient très haut l’expérience architecturale du nouveau théâtre, sa profonde vocation à transformer le jamais vu en quelque chose destiné à devenir familier.